Les ongulés représentent entre 70% et 90% des proies, et jusqu’à 89% de la biomasse ingérée. L’importance relative des différentes espèces d’ongulés dans le régime alimentaire varie suivant leur répartition et leur disponibilité. Les taux annuels observés en Europe centrale et de de l’ouest restent relativement homogènes, autour de 55-70 ongulés/lynx/an. 

Les proies secondaires, plus petites, peuvent représenter une part non-négligeable du régime alimentaire suivant les variations de disponibilité des ongulés. En Suisse, lièvres, marmottes, et renards peuvent représenter entre 10% et 25% des proies du lynx, soit jusqu’à 8% de la biomasse ingérée. Cela reste marginal au niveau du régime de l’espèce en général, mais ces proies peuvent toutefois être une ressource importante, ponctuellement et localement pour des individus en dispersion ou pour les femelles avec des jeunes.

Le lynx privilégie les proies sauvages et évite les proies domestiques. Des déprédations sont constatées mais restent rares au regard de la disponibilité des animaux domestiques. Dans les massifs des Alpes et du Jura, les déprédations concernent quasi-exclusivement des moutons et des chèvres. La majorité des déprédations se concentrent sur des exploitations qui combinent des facteurs de risques plus élevés (proximité de la forêt, forte abondance de chevreuil, mesures de protection absentes ou inadaptées). 

Sur les 20 dernières années en France, les tendances sont relativement stables avec en moyenne 90 attaques par an, correspondant à 140 animaux indemnisés au titre des dommages causés aux troupeaux domestiques par le lynx. Les cas de prédation excessive (appelé « surplus killing ») restent très rares.

Maturité sexuelle : vers l’âge de deux ans pour les femelles, vers trois ans pour les mâles

Rut : de février à mi-avril. Les femelles n’ont qu’un seul cycle ovulatoire par an et l’œstrus ne dure que deux à trois jours. Toutes les femelles ne se reproduisent pas chaque année. Dans le Jura et les Alpes suisses, en moyenne 84% et 88% des femelles se reproduisent

Gestation : 67 - 72 jours.

Naissances : mai-juin, le gîte est généralement choisi dans une formation rocheuse. Quelques cas de portées de remplacement ont été observés en août suite à la perte de la portée en mai. La taille des portées reste relativement constante, avec deux petits en moyenne, mais peut monter jusqu’à quatre petits. Jusqu’à l’âge de deux à trois semaines, les chatons sont très limités dans leurs facultés motrices, leur vue et leur capacité à réguler leur température. La femelle peut ensuite régulièrement déplacer sa portée dans d’autres gîtes, à proximité du gîte natal. A mesure que les jeunes grandissent, la femelle passe plus de temps en dehors du gîte et effectue des excursions plus longues pour chercher de la nourriture. A quatre semaines, les jeunes commencent à s’aventurer hors du gîte et vers deux mois ils sont capables de suivre leur mère sur de plus longues distances.

Les périodes les plus critiques dans la survie des jeunes lynx sont celles où ils commencent à sortir du gîte puis durant la phase d’émancipation et de dispersion. Dans le Jura et les Alpes, seulement 40%-50% des jeunes survivent jusqu’à leur indépendance, la survie est ensuite de 70%-80% chez les adultes. Les études s’accordent sur le fait que les facteurs anthropiques (destructions illégales, collisions) sont principalement responsables de la mortalité des lynx dans nos régions. Les maladies, la disponibilité en proies ou même les agressions inter ou intraspécifiques ne jouent qu’un moindre rôle. Le taux de croissance annuel potentiel est estimée à environ 20% lorsque seuls les facteurs naturels sont pris en compte, et il peut baisser jusqu’à 7% seulement quand les facteurs anthropiques sont inclus.

Longévité : 15-17 ans en milieu naturel.

En Europe, le lynx montre une préférence pour l’habitat forestier, de plaine ou de montagne où il va trouver ses proies principales. La forêt offre des conditions propices à la chasse à l’affut, et des sites favorables pour les périodes de repos et la mise bas. 

Le lynx est capable de vivre dans des paysages semi-naturels, ruraux avec une activité humaine permanente, mais il se tient à l’écart des zones les plus fortement anthropisées, qui sont généralement associées à des risques plus élevés (mortalité routière, destruction). Cette tolérance semble facilitée par la présence à proximité de zones forestières et la disponibilité de sites de repos, d’observation ou de mise bas dans des terrains plus accidentés, avec une complexité et une hétérogénéité forestière plus forte. Les lynx modulent aussi leur rythme d’activité et leur utilisation de l’espace afin de minimiser leurs interactions avec les activités humaines tout en fréquentant les zones riches en proies et favorables à leur technique de prédation. 

Le lynx est capable de franchir des obstacles naturels (lacs, cours d’eau, montagnes) et des infrastructures (autoroutes, espaces urbanisés). Toutefois, l’accumulation de ces barrières sur certains secteurs et la disparition des corridors naturels potentiels entre les sous-populations freinent les possibilités de recolonisation spontanées à partir des noyaux installés.